Des chercheurs ont constaté que l’intensification de l’agriculture est de moins en moins efficace pour améliorer la productivité des cultures à mesure que celles-ci sont de plus en plus dépendantes des pollinisateurs. Cette intensification ne permet pas d’augmenter le rendement, voire occasionne plus de variabilité, pour les cultures hautement dépendantes du service de pollinisation.
Les résultats de cette étude menée par chercheurs du CESCO (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS/UPMC), de l’Université d’Orléans et de l’Institut National de la Recherche Agronomique sont publiés dans la revue Frontiers in Ecology and the Environment.
Ces conclusions suggèrent fortement que l’intensification agricole affecte négativement les pollinisateurs et le service de pollinisation qu’ils fournissent.
Depuis les années 1960, les pratiques agricoles se sont intensifiées, augmentant ainsi les rendements des cultures mais produisant aussi de nombreux effets négatifs sur les insectes pollinisateurs et sur la biodiversité en général. Pourtant 35% de la production agricole mondiale dépend d’insectes pollinisateurs sauvages qui, butinant les fleurs de ces plantes cultivées, rendent un service de pollinisation.
Le niveau de dépendance des cultures aux pollinisateurs repose sur le pourcentage de diminution du rendement dû à une absence de pollinisateurs :
Niveau | 0% | 5% | 25% | 65% | 95% |
Exemples | avoine, blé, orge | haricots, poivrons | aubergine, colza, fèves | cerises, mûre, poires | courges, kiwi, melon |
La production des cultures ne nécessite pas toujours un service de pollinisation : des céréales, indépendantes des pollinisateurs, aux pommes, prunes ou courgettes qui en dépendent beaucoup, il existe un gradient de dépendance des cultures aux pollinisateurs.
Les résultats montrent que le rendement moyen des cultures peu ou non dépendantes du service de pollinisation augmente avec l’intensité de l’agriculture, et que la variabilité du rendement diminue. Cependant, ces gains s’amenuisent pour les cultures plus dépendantes du service de pollinisation. Pour les cultures très dépendantes en pollinisateurs (65%-95%), le rendement moyen n’augmente d’ailleurs pas avec les pratiques agricoles plus intensives et une plus forte variabilité du rendement moyen est observée.
Ainsi, les résultats de cette étude révèlent l’impact négatif de l’intensification sur les pollinisateurs et les services qu’ils rendent, ce qui en conséquence limite la productivité des systèmes agricoles.
L’enjeu est désormais de développer de nouvelles approches agricoles permettant de maximiser les rendements en se reposant sur les services écosystémiques fournis par la biodiversité, tels que la pollinisation ou le contrôle des ravageurs des cultures ; un enjeu majeur limitant ainsi les impacts de l’agriculture sur la nature. Source : MNHN.